Agroforesterie_fromCacau

Cabruca brésilienne et préservation de la biodiversité

2 avril 2015 | Catégorie : Plantations

Agroforesterie_fromCacauLe système de plantations de cacaoyer à l’ombre d’arbres d’une forêt native éclaircie est dénommé « cabruca » au Brésil. Ce système d’agroforesterie assure une bonne préservation de la diversité et contribue à préserver ce qu’il reste de la Forêt Atlantique brésilienne (Mata Atlântica), un des écosystèmes les plus riches du monde.

Le sud de l’État de Bahia et le nord de l’État, adjacent, d’Espíritu Santo est exceptionnellement riche du point de vue de la biodiversité. Une étude (Martini et al, 2007)) a comparé la diversité des arbres dans 22 forêts tropicales à travers le monde. La région y est classée deuxième, avec un endémisme d’arbres pouvant dépasser 25%. Mais au sud de Bahia il ne reste plus que 6,5% de forêt primaire et rares sont les enclaves dépassant 1000 hectares.

La culture du cacao a démarré dans le sud-est de Bahia en 1746 à partir de graines rapportées de l’État de Pará. Les premières variétés plantées étaient du type Forasteiro en provenance d’Amazonie. La production a atteint son pic au cours des années 60 et 70, avant de chuter en raison notamment de la chute des cours et des ravages de la maladie appelée «balai de sorcière» due au champignon Moniliophora perniciosa originaire d’Amazonie.

20150329_155746La cabruca est un système de culture du cacao à l’ombre des différents arbres de la forêt atlantique originale, excluant la végétation de petite taille : une diminution du sous-bois mais en préservant la végétation de grande taille. Ce système s’est développé à partir du début du XXe siècle. Au début des années 90, le système de cabruca représentait 70% des 6800 km2 des plantations du sud de Bahia. Ce système a de nombreux avantages : conservation des substances humides du sol, contrôle de la végétation spontanée, rapide développement des cacaoyers tout en assurant une bonne conservation des sols et donc un vieillissement moins rapide de la plantation, conservation de la biodiversité, économie en main d’œuvre.

En ce qui concerne la biodiversité, une cabruca est certes moins riche qu’une forêt primaire, mais son existence au sein d’environnements fortement modifiés par l’homme n’en reste pas moins fondamentale pour assurer la conservation d’espèces forestières et servent de corridor à la faune sauvage et de zones tampons. La densité de cacaoyers varie considérablement : 500 à 800 arbres par hectare, plantés sans alignement. Une étude publiée en 2006 (par Sambuichi) indique que la densité d’arbres natifs y varie de 35 à 173, et atteint 355 dans des cabrucas abandonnées.

20150329_155550Mais le système de la cabruca a également ses inconvénients. La chute de branches et d’arbres morts peut endommager les cacaoyers. On constate surtout une productivité faible. Le rendement moyen serait d’environ 500 kg/ha.

Dans les exploitations agricoles (les fazendas) d’autres cultures sont associées au cacao, dont le caoutchouc (mais celui-ci n’est plus rentable à Bahia) et bien sûr la banane, mais on peut y trouver également l’acai, le cupuaçu (Theobroma Grandiflorum ), le piment, le guaraná, l’urucum (nom donné au roucou), la vanille, etc.

Depuis quelques années, la culture organique (bio) se développe. Elle correspond bien à la pratique de la cabruca. Mais si elle permet une meilleure valorisation du cacao, celle-ci reste relative. Du point de vue économique, la cabruca est remise en cause et nécessitera un appui fort pour conserver cette pratique et participer ainsi à la préservation de l’environnement. La reconnaissance de l’intérêt écologique ne sera effective que par une forte augmentation du prix de vente du cacao.

Photos : Gabriel Metz, mars 2015

Dessin : CATIE, 2009

Sources :
Landscape and farm scale management to enhance biodiversity conservation in the cocoa producing region of southern Bahia, Brazil Camila R. Cassano, Götz Schroth, Deborah Faria, Jacques H. C. Delabie, Lucio Bede, 2008
Os diferentes métodos de cultivo de cacau no sudeste da Bahia. FB Piasentin, CH Saito, 2014
Dynamic agrarian system of cocoa region in Bahia state, Brazil. André Da Silva Gomes, 2007
Agroforestry Farm Planning. E Somarriba, F Quesada. CATIE, 2009

7 Commentaires

  1. Laura HENRY
    8 août 2016

    Répondre

    Bonjour,

    Je réalise un mémoire de recherche sur le cacao en République Dominicaine, et je tente de réaliser un transect d’une plantation type. J’aurais beaucoup aimé utiliser les dessins d’arbres de votre première illustration pour le réaliser car mes capacités graphiques sont limitées ^^

    Serait-ce possible? en citant la source bien évidemment.

    Merci d’avance pour votre aide,
    Sincèrement

    Laura HENRY, M2R géographie à l’IHEAL

  2. RABY alexia
    1 novembre 2015

    Répondre

    Bonjour,

    Etudiante en licence professionnelle à Bordeaux, nous devons faire une simulation de vente de fève de cacao venant du Brésil. Pour cela nous avons besoin de votre aide. Pouvez-vous nous indiquer (si vous le connaissez) le prix (même approximatif) de vente d’une fève de cacao, en kg par exemple après avoir été séchées et/ou torréfiées ?

    Merci d’avance pour votre aide,
    Cordialement,
    Alexia Raby

    • Gabriel
      2 novembre 2015

      Répondre

      Le cours officiel du cacao est fixé et publié journellement. Il doit être affiché chez les négociants qui achètent des fèves aux planteurs. Vous pouvez trouver le cours du jour sur le site http://mercadodocacau.com/.
      Ainsi au 02/02/2015, le cours était de  » 145,00 / @  » c’est à dire de 145 Rials brésiliens par arroba (= 15 kg). Vous trouverez donc très facilement le cours du cacao tout venant.
      Les producteurs ayant des contrats avec des chocolatiers ou couverturiers haut de gamme peuvent vendre leurs fèves beaucoup plus chères, selon la qualité et les relations de partenariat qu’ils entretiennent avec leurs clients. 6000 – 8000 USD / tonne de fèves par exemple (juste à titre d’exemple).

      NB: les fèves exportées sont toujours séchées (c’est obligatoire!) mais jamais torréfiées.

      Curieux d’en savoir un peu plus sur votre simulation.

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