Origine_Cacaoyer_Amazone

Où et comment situer l’origine géographique du cacao ?

29 janvier 2015 | Catégorie : Plantations

Origine_Cacaoyer_AmazoneL’origine du cacaoyer semble parfois faire encore débat (en Amérique Centrale…), bien qu’un consensus s’est dégagé pour la situer dans le haut bassin de l’Amazone et plus précisément sans doute dans la région où coulent les rivières Napo, Caquetá et Putumayo, là où selon Cheesman se trouve le centre de diversité génétique du cacaoyer.

Ce billet s’inspire largement d’un article publié en 2008 par Samantah Maddel, fondatrice de la chocolaterie australienne Tava (chocolaterie ayant malheureusement fermée). L’original – en anglais – est disponible sur le site chocolatereview.com.au.

Le botaniste russe Nikolai Vavilov est considéré comme le père de la génétique moderne des plantes. «Indiana Jones» de la botanique, il a parcouru le monde de 1916 à 1940 pour étudier les plantes cultivées et étudier tout particulièrement les parents sauvages et ancêtres de celles-ci. Au cours de ses voyages, Vavilov constata que la diversité génétique de ces plantes se concentre au sein de centres géographiques donnés et a proposé la théorie selon laquelle ces centres correspondent à l’origine des plantes cultivées. Les centres de diversité qu’il a identifiés en 1926 sont encore reconnus de nos jours (même sil s’avère qu’en fait un centre de diversité n’est pas toujours la zone d’origine de la plante).

Centres_Diversité_Cacao
Mais Vavilov s’était trompé en pensant que le cacaoyer appartient au centre de diversité du Mexique. F.J. Pound, agronomiste du Département de l’Agriculture de Trinidad, entrepris des expéditions de collecte dans le bassin amazonien en 1937-38 et 1942-43, à la recherche de cacaoyers résistants à la maladie du balai de sorcière. C’est là qu’il a pu observer une très forte diversité des cacaoyers sauvages d’Equateur, et qu’il a pu trouver ce qu’il cherchait : le «Scavina 6», une variété de Forestero qui était une bonne source génétique de résistance au balai de sorcière. En 1944, E.E Cheesman émis l’hypothèse que le cacaoyer était en fait natif du Haut-Amazone, en se basant sur la très forte variabilité que Pound avait découverte dans cette région et en faisant sienne la théorie que l’origine d’une plante se trouve à son centre de diversité. Chessman estimait que le centre de diversité du cacao se trouvait dans une zone de 400 km de rayon, à proximité des rivières Napo, Caquetá (Japurá) et Putumayo (Rio Içá au Brésil) , toutes étant des affluents de l’Amazone. Sur la carte ci-contre, la zone surlignée en orange montre l’intersection entre le centre de diversité du cacao tel que proposé par Cheesman et le centre de diversité andin proposé par Vavilov en 1926.

L’idée que le Haut Amazone est le berceau du cacao est corroborée depuis près de 70 ans par la recherche scientifique, non seulement par les observations de Pound et Cheesman mais aussi par des études génétiques bien plus récentes, notamment celles effectuées par Claire Lanaud et Juan-Carlos Motamayor.

Motamayor_clusters
L’étude publiée par Motamayor et ses collègues en 2008 démontre la forte diversité génétique des cacaoyers d’Amérique du Sud, en comparaison avec la relative pauvreté de celle d’Amérique Centrale. Proposant une nouvelle classification des variétés de cacao, les travaux de Motamayor permettent de constater à quel point Cheesman était près de la cible : 70 % des groupes génétiques sont localisés au sein du centre de diversité que proposait Cheesman il y a plus de 60 ans de cela et 80% d’entre eux sont situés dans le centre de diversité proposé par Vavilov dans les années 30. La juxtaposition des localisations de groupes génétiques de Motamayor et des centres de diversité l’illustre très bien.

 L’article de Samanatha Madell indique systématiquement les ouvrages auxquels se référer. Nous avons copié ci-dessous ces références, toutes en anglais. En espérant dénicher petit à petit des études et articles en français.

 

– Cheesman, E.E (1944) « Notes on the nomenclature, classification and possible relationships of cocoa populations« . Tropical Agriculture, Vol. 21, pp.144-159

– Lanaud, C; Motamayor, J-C; Risterucci, A-M (2000) « Implications of New Insight into the Genetic Structure of Theobroma cacao L. for Breeding Strategies« . Accessed online in PDF format at: http://guiltinanlab.cas.psu.edu/Ingenic

Motamayor, J.C.; Risterucci, A.M.; Lopez, P.A.; Ortiz, C.F.; Moreno, A.; Lanaud, C.; (2002). « Cacao domestication I: the origin of the cacao cultivated by the Mayas« . Heredity Vol. 89, Number 5, pp. 380-386

– Dias, L.A.S. (2004) Chapter 3: « Origin and distribution of Theobroma cacao L: A new scenario; in « Genetic Improvement of Cacao« . Accessed online at: http://ecoport.org

– Motamayor, Lachenaud, da Silva e Mota, Loor, Kuhn, Brown, Schnell (2008). « Geographic and Genetic Population Differentiation of the Amazonian Chocolate Tree (Theobroma cacao L) ». Accessed online at: http://www.plosone.org

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