Les petits producteurs connaissent leur métier

26 mars 2014 | Catégorie : Filières

Le CIRAD a publié en mars un article intitulé : Cacao ivoirien : agriculture familiale versus agro-industrie ? François Ruf, chercheur au CIRAD souligne un point qui nous parait essentiel quant aux priorités du secteur : les producteurs attendent d’autres soutiens que la formation aux « bonnes pratiques agricoles ».

« Les petits producteurs connaissent leur métier et leurs priorités. Ils sont même en avance sur l’agro-industrie dont ils attendent plus de soutien non pas sur la formation mais sur les prix, la fertilisation et la recapitalisation des sols, les intrants, les services, le renouvellement des vergers et donc la recapitalisation des exploitations familiales » (Francois Ruf).

Tant la dégradation du marché et des prix depuis 35 ans (que la hausse des cours du cacao en 2013 n’efface pas) que la dégradation de l’environnement (déforestation, vieillissement des plantations, maladies, etc.), poussent les agriculteurs à se reconvertir vers d’autres cultures. L’appui croissant du secteur privé à l’agriculture familiale est certes un mouvement de fond très positif pour le secteur cacao, mais arguer continuellement que c’est le manque de savoir-faire des petits planteurs qui expliquent des rendements trop faibles est par trop réducteur.

Selon Francois Ruf, c’est la capacité d’innovation dans l’agriculture familiale qui a permis d’éviter le déclin du cacao en Côte d’Ivoire. Par exemple, ce sont les planteurs baoulés eux-mêmes qui ont inventés les techniques d’application d’un « engrais cacao » élaboré à partir de fientes de volaille. Ils savent aussi que la taille énergique des cacaoyers systématiquement préconisée par le secteur privé rend les arbres plus vulnérables à la sécheresse et aux maladies. La prudence de l’agriculteur ne doit pas toujours être interprétée comme de l’immobilisme et un manque de savoir-faire. Toujours selon Francois Ruf, les agriculteurs savent mieux que les chocolatiers que le salut de leur exploitation passe par différentes formes de fertilisation, y compris biologique.

Il faut toujours écouter et observer les petits agriculteurs : ils savent mieux que quiconque quelles sont leurs conditions de vie, quelles sont leurs difficultés et leurs besoins.

Gabriel Metz

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